Propriété du Département, le château de Maulnes à Cruzy-le-Châtel est géré depuis 2020 et pour cinq ans par la société Alfran, dans le cadre d’une délégation de service public.
Culture / Loisirs
Il reste une curiosité pour les habitants de l’Yonne mais également pour les spécialistes de l’histoire de l’art. Le château de Maulnes à Cruzy-le-Châtel a été racheté par le Département (alors Conseil Général) en 1997 alors qu’il menaçait de s’écrouler. Après d’importantes vagues de travaux pendant lesquelles il est resté ouvert au public (il a même bénéficié de fonds du Loto du patrimoine), il accueille aujourd’hui plus de 10 000 visiteurs par an.
Des campagnes de fouilles archéologiques et des recherches historiques ont peu à peu levé le voile sur ses origines, mais des mystères demeurent. À commencer par une question essentielle : quel architecte ingénieux est parvenu à créer un pentagone bâti sur un point d’eau alimenté par trois sources, et centré autour d’un escalier puits d’eau et de lumière…
Des tractations pour la paix
On l’aperçoit de loin, battu par les vents ou écrasé de soleil, selon la saison. Construit à 300 m d’altitude, le château de Maulnes figurait autrefois au cœur d’un immense domaine forestier de 4 000 hectares. Sa première mention date du IXe siècle : à l’époque, le comte Girart de Roussillon va donner les terres de Maulnes à l’abbaye qu’il vient de créer non pas encore sur la colline mais à Saint-Père-sous-Vézelay. Plus tard, un château fort sera construit sur le même plateau que le château actuel, et au XIIIe siècle la comtesse Marguerite de Tonnerre y séjournera. L’histoire ne dit pas comment les terres passeront des biens de l’abbaye aux mains des comte et comtesse de Tonnerre, mais au XVe siècle, lorsque les ducs de Bourgogne viennent chasser sur les terres de Maulnes, le château fort est déjà une ruine. C’est en 1566, sur fond de guerres de religion, que commence la construction de l’édifice actuel, qui durera six ans. Ses commanditaires : Louise de Clermont, comtesse de Tonnerre (1), et son époux Antoine de Crussol, futur duc d’Uzès. Rendez-vous de chasse, le château de Maulnes était certainement aussi un lieu de rencontres et de tractations entre catholiques et protestants. Mais le massacre de la Saint-Barthélémy, en 1572, ruinera tous les efforts de concorde. La même année décède Antoine de Crussol. Sa disparition signe la fin de la construction du château, qui restera inachevé.
Un puits de lumière et d’eau
Arrivés au pied du monument, c’est son aspect massif qui frappe les esprits. Des têtes de chiens et de lions rappellent qu’il s’agit là d’un ancien rendez-vous de chasse. Trapu, tout en sobriété, il dégage cependant un vrai raffinement. Les lignes sont pures, un traitement en doucine adoucit la façade austère, de fines guirlandes de fougères ornent l’étage noble (le 4e) et une tourelle offre des courbes assez légères alors que les autres sont carrées. Comme pour se dérober aux regards, le château joue à cache-cache avec le visiteur désireux d’admirer sa forme pentagonale qui n’a d’équivalent qu’en Italie, avec la villa Farnèse à Caprarola. Pour en comprendre le volume, il convient de le contourner et de reculer au fond du jardin, du côté du nymphée qui se poursuit à l’intérieur avec le puits central. On peut alors prendre conscience également du dénivelé qui ajoute deux étages au château.
À l’intérieur, l’escalier creux, pièce maîtresse du château, s’enroule en montant dans les étages. Puits de lumière et puits d’eau, sa référence n’est rien moins que Chambord ! Les pièces nues se traversent en enfilade (il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour voir une disposition avec des couloirs). La terrasse domine des champs et des forêts à perte de vue, ponctués par les villages d’Arthonnay et de Villon. Le sommet du château, conçu pour être ouvert et recueillir les eaux de pluie, a été fermé par un lanternon en plexiglas qui laisse dorénavant pénétrer la lumière.
(1) Née en 1 504 et décédée en 1594, elle a vécu sous le règne de sept rois et était l’amie et la confidente de Catherine de Médicis.
La renaissance d’un château
En 2020, la gestion et l’exploitation du château de Maulnes ont été confiées, par délégation de service public, à l’entreprise privée Alfran, qui y propose une offre culturelle et événementielle : chasse aux œufs à Pâques, reconstitutions Maulnes 1945, journées Renaissance, nuit du feu, nuit des étoiles filantes, couchers de soleil en musique, Halloween… Sans oublier les visites libres, énigme ou commentées, et les animations.
Le Département vous invite à répondre à une enquête portant sur le territoire de l’Yonne.