Dans la sphère familiale et conjugale, au travail ou dans l’espace public, de nombreuses femmes sont confrontées à des situations de violences physiques, psychologiques ou sexuelles. Dans l’Yonne, les partenaires s’organisent afin d’être en capacité de fournir aux victimes un parcours coordonné.
LA BARRE DES 100 FEMMES TUÉES DEPUIS LE DÉBUT DE L'ANNÉE SOUS LES COUPS DE LEUR PARTENAIRE OU EX-PARTENAIRE a été franchie début septembre en France. 225 000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint en 2017. Moins d’une sur cinq a porté plainte et plus de la moitié n’a pas fait de démarche auprès d’associations susceptibles de les aider. Dans l’Yonne, un Plan départemental de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes 2019-2022 a été lancé sous l’égide de la préfecture. Son objectif est de promouvoir la réalisation d’actions efficaces en favorisant la coordination des différentes partenaires qui œuvrent au quotidien : services de l’État, élus locaux, structures publiques et associations.
Différents besoins ont été repérés : hébergements et logements pour accueillir les victimes (de préférence dans leur commune afin de ne pas avoir à changer les enfants d’école ; les maires sont invités à se manifester), augmentation de la prise en charge sociale et psychologique, renforcement du maillage territorial des actions et de la réactivité des interventions (notamment dans les zones les plus rurales)…
Un Comité local d’aide aux victimes veille à la structuration, la coordination, la mise en œuvre et l’amélioration des dispositifs locaux. Les services du Conseil départemental sont mobilisés : les équipes territoriales de la direction Prévention Insertion pour l’écoute, l’accompagnement social et l’accès aux droits ; la direction Autonomie Handicap Dépendance par la création d’une cellule de recueil des informations préoccupantes à destination des personnes en situation de handicap ou âgées ; la direction Enfance Famille avec la gestion de la cellule de recueil des informations préoccupantes relatives aux mineurs. La prise en charge des femmes victimes de violences et de leurs enfants est une priorité pour les équipes sociales du Conseil départemental.
LES CHIFFRES 2018 DANS L’YONNE• +18,6 % de violences sexuelles |
"Nous allons étudier toutes les initiatives locales et voir celles qu'il serait intéressant d'étendre à l'ensemble du département. Nous avons un système de couverture du département via les Unités territoriales de solidarité (UTS) et nous devons en tirer profit pour repérer les personnes potentiellement victimes de violences et les accompagner vers les associations. L'idée est que, où qu'elle se présente, que ce soit à la gendarmerie, à la mairie, à l'hôpital, ou bien auprès d'une association, la victime soit immédiatement prise en charge pour la totalité de son parcours judiciaire, social, médical…, et qu'on le lui simplifie en coordonnant tous les services nécessaires, en formant ainsi une sorte de guichet unique. La justice, sous l'égide de Madame le Procureur Macquart Moulin, a elle aussi simplifié le parcours de la victime qui peut déclencher l'action de la justice sur simple main courante. Elle s'intéresse maintenant au sort des enfants, qui ne devraient plus être traités comme de simples témoins des violences, mais comme de véritables victimes à part entière.
J'ai organisé un "café de femmes" le 8 mars 2019 dans ma permanence à Toucy. 12 à 15 personnes sont venues échanger sur un certain nombre de problématiques de la vie quotidienne. Je recommencerai très volontiers en 2020. C'est important de faire remonter des points de vue de femmes, d'autant plus dans nos campagnes où encore beaucoup de responsables politiques locaux sont masculins".
Isabelle Froment-Meurice,
vice-présidente du Conseil départemental, représentante du Département au Conseil départemental de l'accès au droit
"Les maires des petites communes sont complètement désemparés en se retrouvant devant des cas désespérés. L'association des secrétaires et employés administratifs des mairies de l'arrondissement de Sens (Aseamas), que je préside, a organisé, en lien avec l'Association départementale d'aide aux victimes d'infractions et à la réinsertion sociale (Adavirs), des formations s'adressant aux élus et aux secrétaires de mairie, afin qu'ils soient plus en éveil. Nous avons mis en place une fiche action leur permettant de répondre au mieux à la demande".
Catherine Maudet,
conseillère départementale, membre de la commission des Solidarités départementales
"Une élue m'a téléphoné un matin car elle se trouvait démunie devant une femme battue qui avait été amenée par une amie à une maison de services au public. J'ai appelé notre Unité territoriale de solidarité qui nous a indiqué la marche à suivre et cette femme a pu être accompagnée dans toutes les démarches. Je me suis alors aperçue que les élus étaient de plus en plus confrontés à cela, surtout en milieu rural où les femmes ne sachant pas où aller se rendent à la mairie.
Parallèlement j'ai été saisie plusieurs fois pour des informations préoccupantes pour des enfants. J'ai donc demandé à la responsable de l'UTS de Sens d'organiser une réunion (prévue en fin d'année) à destination des élus sur ces deux sujets qui peuvent être liés, car même s'ils ne subissent pas la violence physique directement, il y a des dommages collatéraux sur les enfants".
Dominique Sineau,
vice-présidente du Conseil départemental, membre de la commission des Solidarités départementales
Page mise à jour le mercredi 02 octobre 2019